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Les mouches des fruits et légumes : quelles solutions alternatives ?

Arboriculture
Cultures légumières
Cultures tropicales
Année de publication
  (mis à jour le 12 avr 2022)
Source :  EcophytoPIC
Auteur :  Philippe DELVAL
Réferences : 
Synthèse EcophytoPIC n°8

Les mouches sont des ravageurs des cultures, principalement des légumes et des fruits, mais on peut également citer la mouche des semis sur céréales. Dans cette synthèse nous nous concentrerons sur ces premières, et nous n'évoquerons pas Drosophila suzukii qui mérite une synthèse à part.

Vous pouvez trouver des éléments pratiques sur la base ABAA d’EcophytoPIC pour un peu moins d’une vingtaine d'espèces : Accès aux fiches "mouche" de la base ABAA.

1. La biodiversité fonctionnelle : une solution envisageable ?

Les dommages des mouches phytophages sont causées par les larves qui minent les organes de la plante (feuilles, fruits, tiges, racines) suivant les espèces. Elles provoquent donc des dégâts directs mais aussi indirects en créant notamment, des portes d’entrée à des agents pathogènes.

Les insecticides ont été une solution pratique mais leur spectre a souvent éliminé une faune utile pour réguler ces bioagresseurs. L’intérêt de favoriser une biodiversité fonctionnelle pour combattre ces bioagresseurs s’est accru ces dernières années. Les résultats sont cependant hétérogènes. Un projet de recherche s'est focalisé sur ce point, le projet BIODIVLEG (voir ci-contre). On peut retenir les différents points suivants :

  • Les résultats obtenus montrent que certaines espèces d’auxiliaires exercent une action de prédation et/ou de parasitisme vis-à-vis des mouches.
  • Dans les conditions de production des parcelles étudiées, cette action ne suffit toutefois pas à elle seule pour garantir un rendement commercial satisfaisant et n’est pas toujours amplifiée de façon suffisante par la présence de milieux semi-naturels de forte densité en bordure de parcelle.

Un monde d'auxiliaires à observer de plus près

Sur cultures légumières, il est observé que les araignées du sol, les staphylins et les carabes exercent une action de prédation vis-à-vis des œufs de mouches mais cela reste hétérogène en fonction des espèces. Ces auxiliaires présentent un intérêt direct pour la production car ils interviennent avant la pénétration des larves dans la racine des plantes, et doivent donc être favorisés dans une optique de contrôle biologique par conservation.

Parfois leur action ne semble significative qu’à partir d’un certain niveau de ponte des mouches. Dans les conditions culturales des parcelles échantillonnées, l’action des prédateurs d’œufs, retrouvés dans les cultures, est toutefois insuffisante à elle seule pour garantir un rendement commercial satisfaisant. Certains staphylins et carabes semblent également exercer une action de prédation et/ou de parasitisme significative vis-à-vis des larves et/ou pupes de mouches. Ces auxiliaires peuvent ainsi contribuer à réduire le potentiel d’infestation des cultures d’une année sur l’autre.

Intérêt de l'enherbement et des milieux semi-naturels

Des hyménoptères ont également une activité de parasitisme des larves et/ou pupes de mouches qui varie selon l’année, le bassin de production et le mode de culture. La présence de milieux semi-naturels de forte densité (lisière de bois, haies bocagères..) en bordure de parcelle semble favoriser de façon significative l’activité de certaines espèces de carabidés et de staphylins.

Ces abords de forte densité peuvent également favoriser la colonisation des cultures par les mouches. Cependant, l’enherbement permanent présente en verger l’intérêt de favoriser la population de prédateurs. Cela a été notamment observé en oliveraie et en verger de manguiers.

2. Des techniques / leviers à combiner

Les travaux actuels sur les techniques alternatives portent sur les variétés tolérantes, l’utilisation de substances répulsives, l’utilisation de filets de protection (horizontaux ou verticaux), les cultures associées, l’intérêt des substances naturelles et la recherche d’auxiliaires ou d’agents biologiques.

C’est l’utilisation du bâchage en couverture qui permet d’obtenir les meilleurs résultats en termes de protection alternative. Au-delà du coût de ce type de protection, pour le matériel mais aussi pour le temps de mise en œuvre, cette technique n’est pas sans poser des problèmes aux producteurs (risque maladies, défaut de coloration, inefficacité si présence de pupes au sol avant la pause, élimination des bâches).

3. Filets verticaux et cultures associées

En complément, des filets verticaux ont été testés. Malgré un effet positif sur la réduction des populations de mouches volant au ras du sol telles que celles du chou, et de leurs dégâts dans les cultures, leur utilisation est loin d’être efficace à 100 % et ne permet pas d’avoir des plantes totalement indemnes de galerie. De plus leur forte prise au vent peut poser problème dans les régions ventées. Toutefois, ces filets présentent l’intérêt de ne pas altérer l’aspect des cultures contrairement aux voiles horizontaux qui peuvent parfois entraîner des déformations du feuillage. Le coût/m² et le temps de mise en place restent élevés par rapport aux autres techniques de protection, et la durée de vie des filets peut s’avérer relativement faible en fonction du contexte climatique.

La technique de cultures associées (par exemple du trèfle dans des choux) est chargée de limiter les pontes de mouches ce que nous pouvons observer. Néanmoins la technique présente des inconvénients en matière de rendement par la maîtrise nécessaire du couvert.

Contenu
PSMAFilets2016

Article

L’objectif des filets anti-insectes est de protéger les cultures légumières contre les ravageurs se déplaçant par voie aérienne. Ils peuvent être utilisés, par exemple, pour protéger les cultures de

Année de publication (mis à jour le 11 juil 2022)

Source : CTIFL

4. Importance de la prophylaxie et lutte par conservation

En arboriculture notamment, la prophylaxie doit être de mise.

  • Ramasser régulièrement les fruits piqués et les détruire : les mettre dans des sacs plastiques ou sous une bâche, entreposés au soleil pendant quelques jours. La chaleur détruira les larves. Les fruits peuvent être donnés aux animaux.
  • Entretenir les abords des parcelles, éliminer les plantes hôtes des mouches. Une autre solution est de les mettre dans un augmentorium pour favoriser les parasitoïdes.
  • Entretenir une couverture végétale permanente : Laisser la végétation spontanée s’installer en arrêtant les herbicides. Les espèces locales adaptées aux conditions pédoclimatiques peuvent se développer ainsi durablement. Cette couverture végétale permanente du sol permet de limiter efficacement le cycle de développement des mouches et accroît leur prédation par des fourmis ou des araignées.
  • Faucher régulièrement par tranche la couverture végétale en dehors de la période du début de la floraison au début de la récolte.
  • Implanter des bandes fleuries : Semer des plantes à fleurs aux abords ou au sein des parcelles pour attirer et favoriser les auxiliaires. En produisant du pollen et du nectar, les fleurs attirent des pollinisateurs et des parasitoïdes, qui sont des ennemis naturels des mouches des fruits et des légumes.
5. Piégeage de masse et push-pull

Sur des surfaces relativement faibles, on peut également envisager le piégeage de masse. Le piège utilisé est constitué d’un attractif par la couleur et la composition de la substance (phéromones, substances attractives) utilisée. Une autre innovation est de diffuser des huiles essentielles. Aucune donnée sur l’impact de ces substances sur la faune auxiliaire n’est cependant disponible.

Enfin d’autres techniques ont relativement de succès telles que l’augmentorium ou le push-pull. Le projet Casdar GAMOUR sur la gestion agro-écologique des mouches des légumes à la Réunion a développé une combinaison de méthodes préventives. (voir ci-dessous)

6. Autres techniques à noter

Argile et insecticides à profil peu toxique

La préservation des auxiliaires par le choix de produits dont les matières actives ont peu d’impact est donc primordial pour favoriser cette faune utile même si celle-ci ne contribue que pour partie à maîtriser les mouches.

Sur olive, le kaolin semble apporter satisfaction. Dans d’autres cas, le spinosad est un des insecticides présentant le meilleur profil. La fiche de la base Ecoacs concernant cette substance active vous apportera toutes les informations nécessaires sur les espèces sensibles ou non.

Lutte autocide

En Espagne, la technique de la lutte autocide par le lâcher de mâles stériles est utilisée à grande échelle pour lutter contre la mouche méditerranéenne des fruits sur agrumes. En France, on parle toujours de l’utiliser pour lutter notamment contre la mouche du brou de la noix et la mouche des légumes à la Réunion.

En conclusion, la lutte contre les mouches des fruits et légumes reste complexe.

La nécessité de combiner des méthodes alternatives afin de limiter l'usage des pesticides reste la règle. Trois projets DEPHY Expé sur les légumes montrent des avancées dans ce sens.