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Lutte physique : coup de filet sur la PIC

Arboriculture
Cultures légumières
Cultures tropicales
Grandes cultures / Polyculture-élevage
Horticulture – PPAM
Viticulture
Année de publication
  (mis à jour le 17 Sep 2024)
Source :  EcophytoPIC
Auteur :  Arthur Le Berre

Les méthodes physiques de lutte contre les bioagresseurs ont une longue histoire, remontant à l'Antiquité. Les premiers agriculteurs utilisaient des outils simples, tels que les houes, pour désherber leurs cultures et éliminer les mauvaises herbes. Au fil du temps, ces techniques ont évolué : les filets ont été employés pour protéger les cultures des oiseaux et des insectes, et le paillage est devenu une méthode courante pour contrôler les adventices et améliorer la qualité du sol. Avec l'industrialisation au XXe siècle, des outils plus sophistiqués, tels que les désherbeuses mécaniques, ont vu le jour, apportant une efficacité accrue dans la gestion des adventices. Une avancée significative a été la solarisation, introduite dans les années 1970, qui utilise la chaleur pour désinfecter les sols sans recourir à des produits chimiques. Aujourd'hui, les méthodes physiques continuent de se moderniser avec des technologies de pointe, illustrant une volonté croissante de réduire l'utilisation des produits phytopharmaceutiques et d'adopter des pratiques agricoles plus durables. Ces méthodes se classifient en quatre grandes catégories : le désherbage mécanique, le contrôle thermique, les barrières physiques et les pièges, et elles se divisent en méthodes actives et passives. Cette évolution témoigne d'une intégration de plus en plus fine des méthodes physiques dans une stratégie globale de protection intégrée

Lutte physique contre les bioagresseurs

Contre les maladies

Les maladies des plantes, souvent causées par des champignons, des bactéries ou des virus, peuvent gravement affecter les rendements agricoles. Les méthodes physiques pour lutter contre ces maladies incluent :

 

  • Désinfection thermique : La désinfection thermique, comme la solarisation, utilise la chaleur pour éliminer les agents pathogènes du sol à l'aide de bâches placées sur le sol. Cette technique, présentée ci-contre dans la fiche GECO, est particulièrement utilisée en maraîchage et horticulture pour contrôler des maladies telles que le mildiou, les nématodes et autres maladies telluriques. Une autre méthode thermique est l’utilisation de bouillie chaude pour traiter les graines avant la plantation, réduisant ainsi les risques de maladies bactériennes.

 

  • L'élagage et la taille sanitaire : La taille des parties infectées des plantes est une méthode active qui implique la suppression des tissus malades pour éviter la propagation des maladies. Elle est efficace contre des pathogènes comme la pourriture grise (Botrytis cinerea) et l’oïdium. En viticulture, la taille en vert est souvent utilisée pour limiter les infections par le mildiou. A ces méthodes de lutte s'ajoutent aussi des outils, notamment en viticulture, pour protéger les cultures des maladies cryptogamiques (voir Viti-Tunnel et levier PIC ci-contre). 

 

  • La désinfection des équipements :  Les outils de coupe peuvent être désinfectés à l’aide de la chaleur ou de produits chimiques comme l’alcool ou des solutions de javel pour éviter la transmission de pathogènes d'une plante à une autre. Cette méthode est cruciale dans les pratiques de culture intensives et dans les pépinières.

Contre les adventices

Les adventices, ou mauvaises herbes, peuvent être contrôlées efficacement grâce aux techniques suivantes :

  • Désherbage mécanique : Cette méthode utilise des outils comme les herses, houes ou binettes pour retirer les mauvaises herbes du sol. Des machines spécialisées, telles que les herse étrilles ou les bineuses, sont employées pour des cultures telles que le maïs ou les légumes en plein champ.

 

  • Désherbage thermique: L'application de chaleur par flammes ou vapeur est utilisée pour brûler ou neutraliser les mauvaises herbes. Cette méthode est efficace dans les cultures légumières et en viticulture pour contrôler les adventices sans produits chimiques (voir levier PIC à gauche).

 

  • Paillage:  Le paillage avec des matériaux organiques comme la paille ou les copeaux de bois, ou des films plastiques, recouvre le sol pour empêcher la germination des adventices. Cette méthode est largement utilisée en maraîchage et arboriculture pour réduire la concurrence des mauvaises herbes et améliorer la conservation de l'humidité du sol (voir Vidéos Dephy dans le carrousel à gauche)

Pour lutter contre les adventices en se passant du chimique, et notamment du glyphosate, de nombreuses ressources existent sur EcophytoPIC. Dans un sens, un centre de ressources

Contre les ravageurs

Pour contrôler les ravageurs tels que les insectes, les acariens et les rongeurs, les méthodes physiques se déclinent comme suit :

  • Barrières physiques : L'utilisation de filets anti-insectes est une méthode passive. Les filets agissent en empêchant les ravageurs d'accéder aux cultures sans intervention continue. Les cloches et les couvertures anti-insectes sont également employées dans les cultures sous serre pour limiter les infestations (voir Vidéo sur l'utilisation d'argile en oléiculture dans le carrousel ci-contre).

 

  • Pièges : Les pièges à glu et les pièges chromatiques sont des méthodes actives. Ils attirent et capturent les insectes rampant et volant, permettant un contrôle direct des populations. Certains produits de biocontrôle à base d'argile, comme la kaolinite, participe à une protection passive des culture en blanchissant les fruits reconnus par les ravageurs grâce à leur couleur et en créant une fine pellicule protectrice sur les parties des plantes généralement ciblées.

 

Perspectives autour de la lutte physique

Limites des méthodes physiques

Bien que les méthodes physiques offrent des avantages considérables pour la gestion des bioagresseurs, elles présentent également certaines limites qui peuvent freiner leur adoption à grande échelle :

 

  • Coûts élevés : Les équipements nécessaires pour certaines méthodes physiques, comme les désherbeuses mécaniques ou les systèmes de solarisation, peuvent représenter un investissement initial important. Ces coûts peuvent être un obstacle pour les petites exploitations agricoles ou pour les agriculteurs disposant de budgets limités

 

  • Main d'œuvre intensive : La mise en place et l'entretien des méthodes physiques, comme le paillage ou l'installation de filets anti-insectes, nécessitent souvent une main-d'œuvre significative. Cela peut augmenter les coûts de production et rendre ces méthodes moins attractives, surtout dans les contextes où la disponibilité de main-d'œuvre est limitée ou coûteuse.

 

  • Pollution plastique des sols à long terme : Certaines méthodes physiques, comme le paillage avec des films plastiques, peuvent contribuer à la pollution des sols si ces matériaux ne sont pas correctement gérés ou recyclés. La dégradation des plastiques peut entraîner une accumulation de microplastiques dans les sols, avec des effets potentiellement néfastes sur la santé des sols et les écosystèmes.

Malgré ces limites, les méthodes physiques sont soutenues par de nombreuses Certificats d'Économie de Produits Phytopharmaceutiques (CEPP), qui encouragent leur adoption en offrant des incitations financières. Ces certificats reconnaissent les efforts des agriculteurs pour réduire leur dépendance aux produits phytopharmaceutiques traditionnels en utilisant des alternatives plus durables.

Complémentarité avec d'autres leviers de protection intégrée

Pour maximiser l'efficacité des méthodes physiques tout en atténuant leurs limites, il est crucial de les intégrer dans une approche globale de protection intégrée, en combinaison avec d'autres leviers:

 

  • Biocontrôle : Les méthodes physiques, telles que les pièges et les barrières, peuvent être efficacement combinées avec des stratégies de biocontrôle. Par exemple, l'utilisation de pièges physiques peut être couplée à l'introduction d'auxiliaires biologiques, comme des prédateurs ou des parasitoïdes, pour contrôler les populations de ravageurs tout en minimisant l'impact sur l'environnement.

 

  • Prophylaxie : La prophylaxie, qui comprend des mesures de prévention, peut être renforcée par les méthodes physiques. L'élagage sanitaire, la désinfection des équipements ou le ramassage des menues pailles permettent de limiter la propagation des maladies et adventices, en complément d'autres pratiques telles que la rotation des cultures et l'utilisation de variétés résistantes.

 

  • Gestion de l'irrigation et des facteurs abiotiques : Certaines méthodes physiques, comme le paillage, offrent des avantages supplémentaires en matière de gestion des ressources en eau et de protection contre les facteurs abiotiques. En plus de contrôler les adventices, le paillage aide à conserver l'humidité du sol, réduisant ainsi les besoins en irrigation. Les couvertures anti-insectes, en plus de protéger contre les ravageurs, peuvent atténuer les effets des fluctuations thermiques, offrant une protection contre le gel ou la chaleur excessive.

 

  • Robotique : La robotique renforce l'efficacité de la lutte physique en agriculture en automatisant des tâches telles que le désherbage ou l'élimination des nuisibles. En remplaçant certaines interventions manuelles par des robots autonomes, il devient possible d'agir avec plus de précision et de rapidité, tout en réduisant l'effort humain. Cela permet d'améliorer les résultats de la lutte physique tout en augmentant la fréquence et la précision des interventions dans les champs.

En combinant ces méthodes dans une stratégie intégrée, il est possible d'optimiser la gestion des bioagresseurs tout en répondant à d'autres besoins agricoles, comme la conservation des ressources en eau et la résilience face aux aléas climatiques. Cette approche multifonctionnelle contribue à une agriculture plus durable, en renforçant la santé des cultures tout en réduisant l'empreinte environnementale des pratiques agricoles.

De nombreux projets ont vu le jour sur la thématique de la lutte physique (voir Projet ALT' CARPO, Projet ECOVERGER) et des itinéraires dans lesquels elle peut être combinée avec d'autres leviers (voir Projet AC/DC-weed, Projet ECOPAD)